Sur un fond rouge uniforme se détachent deux figures auréolées, dont le nom est indiqué en cyrillique : « Sainte comtesse Fevronia » et « Sainte Euphrosyne ». La seconde est la plus connue des deux : il s’agit certainement d’Euphrosyne de Polotsk, petite-fille du prince Vseslav de Kiev et cousine de l’empereur byzantin Manuel 1er Comnène, sainte de l’église orthodoxe russe. Quant à la comtesse Ferovnia Pavlovna Naryshkina, née Bariatinskaïa (1852-1930), elle est la fille du prince Aleksandr Ivanovich Bariatinsky, et épousa en 1875 Vassili Lvovich Naryshkin, responsable du ministère des Affaires étrangères. Fuyant la révolution de février 1917, le couple se rendit en France pour y rejoindre une grande partie de la diaspora russe. La comtesse était très appréciée pour la douceur de son caractère et sa dévotion. Aussi n’est-il pas étonnant de trouver sur l’œuvre cette dédicace à son intention : « Cette icône est peinte à la mémoire de Fevronia Pavlovna Naryshkina née en 1852 et décédée en 1930 ».
Prix : 39 000 €
Né à Brest-Litovsk en 1875 au sein d’une famille de militaires, de prélats et de grands lettrés, son auteur, Dimtri Stelletsky, entre en 1896 à l’académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Il se fait d’abord connaître comme sculpteur, et réalise des portraits dont certains se trouvent au musée russe de Saint-Pétersbourg ou à la galerie Tretiakov de Moscou. Très intéressé par les racines byzantines de l’art russe, il illustre des ouvrages avec des miniatures dans le style des manuscrits anciens. Il réalise également des costumes et des décors d’opéra et de théâtre, notamment pour Serge de Diaghilev. A l’occasion du centenaire de la bataille de Borodino, en 1912, il décore l’intérieur de l'une des églises du village. Il arrive à Paris en 1914 et s’installe définitivement en France. Là, il étudie l’art roman et participe à de nombreuses expositions. Son œuvre majeure demeure la décoration de l’église Saint-Serge-de-Radonège à Paris, qu’il exécute entre 1925 et 1927 et pour laquelle il s’inspire du style religieux russe du XVIe siècle. Il continuera de peindre des icônes et iconostases, le plus souvent à l’huile et "a tempera", pour des lieux de culte en France et à l’étranger, toujours dans ce style archaïsant. La maison qu’il fait construire à La Napoule (sur un terrain acquis en 1929) ayant été détruite durant la guerre, il s’installe en 1943 dans la maison de retraite russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Atteint de cécité, il s’y éteint en 1947.